Deux fonctionnaires du gouvernement qui étaient venus à notre école dans un but administratif ont été déclarés positifs au covid-19. Suite à cela, plusieurs de nos employés ont dû se mettre en quarantaine. Pourtant, dans la zone où nous avons nos projets, les cas de Covid sont encore très peu nombreux. Auparavant, pour se faire tester, il fallait se rendre en ville, maintenant il est aussi possible de faire le test Covid dans un centre médical local.
La classe en ligne
Les enseignants de l'école Saint-Antoine ont bien collaboré pour faire de la classe en ligne un succès. Chaque enseignant a fait son possible pour rester en contact avec ses élèves et pour les motiver à continuer à étudier. Environ 90 % de nos élèves de la 3ème à la 6ème secondaire assistent aux cours en ligne. Pour les plus jeunes, c'est plus compliqué, le taux de participation avoisine les 65 %. Certains élèves dont la famille ne possède pas de smartphone demandent l'aide d'amis du même village ou de voisins.
Aucun élève ne peut encore retourner à l'école !
Des parents ont demandé aux enseignants vivant dans les mêmes villages de passer quelques heures avec leurs enfants. Ils ont accepté volontiers. Beaucoup d'enseignants ont maintenant des petits groupes d'enfants qui viennent ainsi chez eux pour des cours.
À Rahrai, les enseignants ont pris l'initiative d'aller dans les villages et aussi de faire venir des petits groupes à l'école.
Les enfants de la colonie de Tahirpur (près de Delhi) continuent de se retrouver pour des cours, mais à des heures différentes. M. Babu, le responsable, prend toutes les précautions nécessaires.
Pas moins de 120 millions d'élèves, soit 47,5 % du total des élèves du pays, fréquentent des écoles privées, ce qui fait du secteur scolaire privé indien le troisième plus grand système scolaire du monde. Les écoles étant fermées depuis près de 7 mois et les élèves ayant arrêté de payer les frais de scolarité, les écoles n'ont aucun revenu pour payer les enseignants. Ceux-ci se retrouvent dans de grandes détresses financières. Les images d'enseignants vendant des légumes sur les routes, essayant de trouver un travail manuel, etc. sont devenues virales sur les réseaux sociaux.
Sans le minerval comment survivre ?
Comme nous, toutes les écoles privées se posent la même question : « Sans aide ou soutien financier du gouvernement indien, vu l'interdiction de reprendre les cours, comment est-il possible de gérer cette crise ? » Nous déployons beaucoup plus d'efforts qu'en temps normal. Il faut organiser l'enseignement en ligne, essayer de motiver les élèves et garder ouverts nos bureaux pour accueillir les parents. Les enseignants ont gardé un bon contact avec les parents dans le cadre de l'enseignement à distance, mais lorsqu'il s'agit de payer les frais de scolarité, beaucoup ne répondent pas à nos appels téléphoniques !
Instructions du gouvernement
Les instructions données par le gouvernement et la Cour Suprême sont de garder les écoles fermées, d'organiser des cours en ligne et d'obtenir des familles qu'elles règlent les frais de scolarité pour payer les professeurs. Des parents, furieux, ont fait appel de cette décision. Ceux qui ne veulent pas payer empêchent même leurs enfants de suivre les cours en ligne par crainte d'être contraints de devoir payer les frais d'inscription.
Bien qu'ils ne soient pas touchés par la pandémie comme ont pu l'être ceux qui habitent en ville, les gens de la région ont le faux espoir que le gouvernement décidera de supprimer les frais d'inscription. Nous essayons de convaincre les parents que nous suivrons la décision du gouvernement, quelle qu'elle soit. Certains parents comprennent quels sont les besoins de l'école et collaborent. Grâce à leur soutien, nous avons réussi jusqu'à présent à payer la moitié du salaire de notre personnel. Ceux qui sont le plus dans le besoin, nous leur apportons une aide supplémentaire.
Même avant l'épidémie, l'Inde avait du mal pour attirer et maintenir les enfants à l'école. Aujourd'hui, avec la pandémie, les enfants restent à la maison et, dans les régions rurales, sont souvent obligés de travailler dans des fermes. Si ces enfants tardent à entrer à l'école, le nombre d'enfants déscolarisés va augmenter ainsi que le travail des enfants en général. On constate aussi un nombre plus important de mariages d'enfants.
L'année dernière, nous avons inscrit 325 nouveaux élèves à l'école Saint-Antoine de Dugawar. Cette année, nous n'en avons inscrit que 40 ! Cela signifie que des enfants qui devaient commencer l'école cette année perdront une année scolaire.