Une deuxième vague dévastatrice du Covid 19 est apparue en Inde. Elle a fait passer le nombre total d'infections dans le pays à 20 millions et le nombre de morts à plus de 220 000. Chaque jour, depuis le 22 avril, le pays a signalé plus de 300 000 nouveaux cas. Bien sûr, c'est sans compter les très nombreux cas non repris dans les statistiques ! Le nombre de décès augmente également et Delhi, la capitale de l'Inde, s'est retrouvée à suffoquer ! Les gens ont commencé à mourir partout, réclamant de l'oxygène. Les hôpitaux sont saturés et refusent les nouveaux patients, les gens meurent en rues ou chez eux. Les crématoriums sont à court de bois et de places pour les crémations. Des crémations sont organisées dans des parkings. Les proches doivent attendre pendant des jours avec leurs chers disparus avant de pouvoir procéder aux funérailles. Des situations similaires commencent à surgir un peu partout dans le pays.
Dans cette deuxième vague, les petites villes et les villages reculés commencent à être touchés de plein fouet. Beaucoup sont malades, et nous entendons maintenant que des personnes que nous connaissons sont en train de mourir dans la zone de nos projets. Les décès dans les villages ne figurent pas dans les bases de données officielles, car la majorité des malades ne sont pas testés. Les gens ont peur de la stigmatisation sociale, ils ne veulent pas reconnaître qu'ils sont atteints du Covid. Le chauffeur du bus privé de l'école, qui était malade depuis deux semaines, a été testé positif après une semaine et vient de décéder. Il était en quarantaine à la maison. Tous les jours, nous entendons parler du décès de villageois. En l'absence de tests appropriés, de mise en quarantaine ou d'admission à l'hôpital, nous craignons que la situation ne s'aggrave encore considérablement. Aucun nouveau confinement n'a encore été imposé et paradoxalement la vie continue comme d'habitude.
En Uttar Pradesh, où nous avons nos projets, les élections locales se sont déroulées en quatre phases du 15 au 29 avril. Dans chaque village de cet État de 200 millions d'habitants, les candidats et leurs groupes se déplaçaient d'une maison à l'autre, leur offrant de l'alcool, organisant des fêtes et distribuant des cadeaux pour être élus. Tout cela a aggravé l'épidémie !
Contrairement aux États du Sud, dans les villages du nord du pays, les gens hésitent à se faire vacciner. Bien que les personnes de plus de 45 ans peuvent se faire vacciner depuis un moment déjà, seul un petit nombre l'a fait. Dans le cadre de notre projet, nous avons motivé les personnes âgées qui le souhaitaient à se rendre dans les centres de vaccination à l'aide de notre bus. Nous les sensibilisons aux effets dévastateurs du virus. Nous leur expliquons qu'il faut se protéger grâce au masque, aux distances sociales et bien sûr en se faisant vacciner.
Le système de santé indien est sous-financé depuis des années. Selon la Banque mondiale, l'Inde compte 0,9 médecin pour 1.000 habitants, soit bien moins que la moyenne mondiale de 1,6. À ce jour, 2 % seulement de la population ont été entièrement vaccinés.
Après quelques mois seulement, nous devons fermer à nouveau les écoles Saint-Antoine. Un gouvernement d'incompétents, dirigé par un Premier ministre plus intéressé par l'organisation de meetings gigantesques que de la sécurité de sa population a placé l'Inde dans un désastre sanitaire difficilement mesurable. Les régions rurales où se trouvent nos écoles ont été relativement épargnées par la pandémie de Covid jusqu'à présent. Cela ne sera pas le cas avec cette nouvelle vague… Comme un feu de forêt, l'infection se propage partout.